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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/78

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mon mari. Mais je n’entends personne. Qui avait donc sonné encore ?

Le comte, regardant à la fenêtre.

Une autre petite fille, et un autre carton. Encore un bonnet, je suppose. À propos, avec tout cela, vous me devez une confidence.

La marquise.

Fermez donc cette porte, vous me glacez.

Le comte.

Je m’en vais. Mais vous me promettez de me répéter ce qu’on vous a dit de moi, n’est-ce pas, marquise ?

La marquise.

Venez ce soir au bal, nous causerons.

Le comte.

Ah, parbleu ! oui, causer dans un bal ! Joli endroit de conversation, avec accompagnement de trombones et un tintamarre de verres d’eau sucrée ! L’un vous marche sur le pied, l’autre vous pousse le coude, pendant qu’un laquais tout poissé vous fourre une glace dans votre poche. Je vous demande un peu si c’est là…

La marquise.

Voulez-vous rester ou sortir ? Je vous répète que vous m’enrhumez. Puisque personne ne vient, qu’est-ce qui vous chasse ?

Le comte, fermant la porte et venant se rasseoir.

C’est que je me sens, malgré moi, de si mauvaise humeur, que je crains vraiment de vous excéder. Il faut décidément que je cesse de venir chez vous.