Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Confession d’un enfant du siècle.djvu/117

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point de repos qu’ils ne vous aient rendu semblable à eux. Arrivés à ce but, n’importe par quel moyen, ils se frottent les mains, et l’idée ne leur viendrait pas que vous puissiez être tombé de mal en pis ; tout cela de bonne amitié.

C’est un des grands malheurs de la jeunesse sans expérience que de se figurer le monde d’après les premiers objets qui la frappent ; mais il y a aussi, il faut l’avouer, une race d’hommes bien malheureux : ce sont ceux qui, en pareil cas, sont toujours là pour dire à la jeunesse : Tu as raison de croire au mal, et nous savons ce qui en est. J’ai entendu parler, par exemple, de quelque chose de singulier : c’était comme un milieu entre le bien et le mal, entre la foi et l’impiété, un certain arrangement entre les femmes sans cœur et les hommes dignes d’elles ; ils appelaient cela le sentiment passager. Ils en parlaient comme d’une machine à vapeur inventée par un carrossier ou un entrepreneur de bâtiments. Ils me disaient : On convient de ceci ou de cela, on prononce telles phrases qui en font répondre telles autres, on écrit des lettres de telle façon, on se met à genoux de telle autre. Tout cela était réglé comme une parade ; ces braves gens avaient des cheveux gris.

Cela me fit rire. Malheureusement pour moi, je ne puis dire à une femme que je méprise que j’ai de l’amour pour elle, même en sachant que c’est une convention et qu’elle ne s’y trompera pas. Je n’ai jamais mis le genou en terre sans y mettre le cœur. Ainsi cette