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CHAPITRE IV


« Tout ce qu’il y avait de bien en cela, supposé qu’il pût y en avoir quelqu’un, c’est que ces faux plaisirs étaient des semences de douleurs et d’amertumes, qui me fatiguaient à n’en pouvoir plus. » Telles sont les simples paroles que dit, à propos de sa jeunesse, l’homme le plus homme qui ait jamais été, saint Augustin. De ceux qui ont fait comme lui, peu diraient ces paroles, tous les ont dans le cœur ; je n’en trouve pas d’autres dans le mien.

Revenu à Paris au mois de décembre, après la saison, je passai l’hiver en parties de plaisirs, en mascarades, en soupers, quittant rarement Desgenais, qui était enchanté de moi ; je ne l’étais guère. Plus j’allais, plus je me sentais de souci. Il me sembla, au bout de bien peu de temps, que ce monde si étrange, qui au premier aspect m’avait paru un abîme, se resserrait, pour ainsi dire, à chaque pas ; là où j’avais cru voir un spectre, à mesure que j’avançais, je ne voyais qu’une ombre.

Desgenais me demandait ce que j’avais. — Et vous, lui disais-je, qu’avez-vous ? Vous souvient-il de quel-