Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Confession d’un enfant du siècle.djvu/156

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vous m’avez dit. Ne le saviez-vous donc pas ? et si vous le saviez, que ne le disiez-vous ?

Mais Desgenais avait lui-même les mains jointes ; il était pâle comme un linceul, et une longue larme lui coulait sur la joue.

Il y eut entre nous un moment de silence. L’horloge sonna ; je pensai tout à coup qu’il y avait juste un an qu’à pareil jour, à pareille heure, j’avais découvert que ma maîtresse me trompait.

— Entendez-vous cette horloge ? m’écriai-je ; l’entendez-vous ? Je ne sais ce qu’elle sonne à présent ; mais c’est une heure terrible et qui comptera dans ma vie.

Je parlais ainsi dans un transport et sans pouvoir démêler ce qui se passait en moi. Mais presque au même instant un domestique entra précipitamment dans la chambre ; il me prit la main, m’emmena à l’écart, et me dit tout bas : Monsieur, je viens vous avertir que votre père se meurt ; il vient d’être pris d’une attaque d’apoplexie et les médecins désespèrent de lui.

FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE.