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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Confession d’un enfant du siècle.djvu/195

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CHAPITRE VIII


La fièvre me retint une semaine au lit. Dès que je fus en état d’écrire, je répondis à madame Pierson qu’elle serait obéie et que j’allais partir. Je l’écrivis de bonne foi, et sans aucun dessein de la tromper ; mais je fus bien loin de tenir ma promesse. À peine avais-je fait deux lieues, que je criai d’arrêter et descendis de voiture. Je me mis à me promener sur le chemin. Je ne pouvais détacher mes regards du village, que j’apercevais encore dans l’éloignement. Enfin, après une irrésolution affreuse, je sentis qu’il m’était impossible de continuer ma route, et, plutôt que de remonter en voiture, j’aurais consenti à mourir sur la place. Je dis au postillon de tourner, et, au lieu d’aller à Paris, comme je l’avais annoncé, je m’en fus droit à N***, où était madame Pierson.

J’y arrivai à dix heures du soir. À peine descendu à l’auberge, je me fis indiquer par un garçon la maison de son parent, et, sans réfléchir à ce que je faisais, je m’y rendis sur-le-champ. Une servante vint m’ouvrir ; je lui demandai si madame Pierson y était, d’aller la prévenir qu’on voulait lui parler de la part