Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/114

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— Voulez-vous que je sonne ? demanda Valentin ; avez-vous besoin de votre femme de chambre ?

— Ce n’est pas la peine, répondit la marquise, qui releva d’une main impatiente ses cheveux déroulés, et y enfonça son peigne. Je ne sais ce que font mes domestiques : il faut qu’ils soient tous sortis, car j’avais défendu ce matin qu’on laissât entrer personne.

— En ce cas, dit Valentin, j’ai commis une indiscrétion, je me retire.

Il fit quelques pas vers la porte, et allait sortir en effet, quand la marquise, qui tournait le dos, et apparemment n’avait pas entendu sa réponse, lui dit :

— Donnez-moi une boîte qui est sur la cheminée.

Il obéit ; elle prit des épingles dans la boîte et rajusta sa coiffure.

— À propos, dit-elle, et ce portrait que vous aviez fait ?

— Je ne sais où il est, répondit Valentin ; mais je le retrouverai, et, si vous le permettez, je vous le donnerai lorsque je l’aurai retouché.

Un domestique vint, apportant une lettre à laquelle il fallait une réponse. La marquise se mit à écrire ; Valentin se leva et entra dans le jardin. En passant près du pavillon, il vit que la porte en était ouverte ; la femme de chambre qu’il avait rencontrée en arrivant y essuyait les meubles ; il entra, curieux d’examiner de près ce mystérieux boudoir qu’on disait délaissé. En le voyant, la servante se mit à rire avec cet air de protection que