Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/29

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sembla un rêve confus, une succession de journées uniformes comme le mouvement du balancier. Elle posa sa main sur son front, et sentit un besoin invincible de vivre ; dirai-je de souffrir ? Peut-être. Elle eût préféré en cet instant la souffrance à sa tristesse. Elle se dit qu’à tout prix elle voulait changer son existence. Elle fit cent projets de voyage, et aucun pays ne lui plaisait. Qu’irait-elle chercher ? L’inutilité de ses désirs, l’incertitude qui l’accablait l’effrayèrent ; elle crut avoir eu un moment de folie ; elle courut à son piano, et voulut jouer son trio des masques, mais aux premiers accords elle fondit en larmes, et resta pensive et découragée.