Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/185

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et brave. Il s’est tiré d’affaire à Constantine, il s’en tirera à Renonval.

Il y avait longtemps que toute la maison reposait et que le silence régnait dans la campagne lorsque le bruit des pas d’un cheval se fit entendre sur la route. Il était deux heures du matin ; une voix impérieuse cria qu’on ouvrît, et tandis que le garçon d’écurie levait lourdement, l’une après l’autre, les barres de fer qui retenaient la grande porte, les chiens se mirent, selon leur coutume, à pousser de longs gémissements. Armand, qui dormait de tout son cœur, réveillé en sursaut, vit tout à coup devant lui son frère tenant un flambeau et enveloppé d’un manteau dégouttant de pluie.

— Tu rentres à cette heure-ci ? lui dit-il ; il est bien tard ou bien matin.

Tristan s’approcha de lui, lui serra la main, et lui dit avec l’accent d’une colère presque furieuse :

— Tu avais raison, c’est la dernière des femmes, et je ne la reverrai de ma vie.

Après quoi il sortit brusquement.