Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/224

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deux pièces-là partout. Si vous croyez que je vais danser !

— Ne nous fâchons pas, ma belle, je vous en conjure.

— Savez-vous que j’ai joué avec Frédérick ? Oui, j’ai joué avec Frédérick, en province, au bénéfice d’un homme de lettres. Il est vrai que je n’avais pas un grand rôle ; je faisais un page dans Lucrèce Borgia, mais toujours j’ai joué avec Frédérick.

— Je n’en doute pas, vous ne danserez point ; je vous supplie de m’excuser ; mais, ma chère, le temps se passe, et vous répondez à beaucoup de choses, excepté à ce que je vous demande. Finissons-en, s’il est possible. Dites-moi : voulez-vous me permettre d’aller à l’instant même chez Fossin, d’y prendre un bracelet, une chaîne, une bague, ce qui vous amusera, ce qui pourra vous plaire, de vous l’envoyer ou de vous le rapporter, selon votre fantaisie ; en échange de quoi vous me renverrez ou vous me rendrez à moi-même cette bagatelle que je vous demande, et à laquelle vous ne tenez pas sans doute ?

— Qui sait ? dit Javotte d’un ton radouci ; nous autres, nous tenons à peu de chose ; et je suis comme cela, j’aime mes effets.

— Mais ce bracelet ne vaut pas dix louis, et apparemment, ce n’est pas ce qu’il y a d’écrit dessus qui vous le rend précieux ?

La vanité masculine, d’une part, et la coquetterie féminine, d’une autre, sont deux choses si naturelles