Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/259

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ou quelque folie, et cependant c’est de là que sortent tous les jours ce qu’il y a en France de plus distingué et de plus respectable : des médecins, des magistrats…

— Oui, reprit Marcel, c’est la vérité. Il y a des pairs de France en herbe qui dînent chez Flicoteaux, et qui n’ont pas toujours de quoi payer la carte. Mais, ajouta-t-il en clignant de l’œil, n’avez-vous pas revu vos inconnus ?

— Pour qui nous prenez-vous ? répondit mademoiselle Pinson d’un air sérieux et presque offensé. Connaissez-vous Blanchette et Rougette ? et supposez-vous que moi-même…

— C’est bon, dit Marcel, ne vous fâchez pas. Mais voilà, en somme, une belle équipée. Trois écervelées qui n’avaient peut-être pas de quoi dîner le lendemain, et qui jettent l’argent par les fenêtres pour le plaisir de mystifier trois pauvres diables qui n’en peuvent mais !

— Pourquoi nous invitent-ils à souper ? répondit mademoiselle Pinson.