Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/272

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nous qui portons habituellement chez elle. Mais si monsieur y va, ce n’est pas le jour. Actuellement elle est à la campagne.

— Qui vous l’a dit ? demanda Eugène.

— Pardi ! monsieur, c’est la portière. Mademoiselle Rougette aime à bien dîner, mais elle n’aime pas beaucoup à payer. Elle a plus tôt fait de commander des poulets rôtis et des homards que rien du tout ; mais, pour voir son argent, ce n’est pas une fois qu’il faut y retourner ! Aussi nous savons, dans le quartier, quand elle y est ou quand elle n’y est pas…

— Elle est revenue, reprit Eugène. Montez chez elle, laissez-lui ce que vous portez, et si elle vous doit quelque chose, ne lui demandez rien aujourd’hui. Cela me regarde, et je reviendrai. Si elle veut savoir qui lui envoie ceci, vous lui répondrez que c’est le baron de ***.

Sur ces mots, Eugène s’éloigna. Chemin faisant, il rajusta comme il put le cachet de la lettre, et la mit à la poste. — Après tout, pensa-t-il, Rougette ne refusera pas, et si elle trouve que la réponse à son billet a été un peu prompte, elle s’en expliquera avec son baron.