Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/284

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— Ne bougez pas, leur dit-elle ; c’est l’affaire d’un instant.

— Prenez garde à vous, dit Marcel. S’il y a un trou au rideau, je ne réponds de rien. Vous ne voulez pas vous contenter de notre parole, par conséquent elle est dégagée.

— Heureusement ma robe l’est aussi, dit mademoiselle Pinson ; et ma taille aussi, ajouta-t-elle en riant et en jetant le rideau par terre. Pauvre petite robe ! il me semble qu’elle est toute neuve. J’ai un plaisir à me sentir dedans !

— Et votre secret ? nous le direz-vous maintenant ? Voyons, soyez sincère, nous ne sommes pas bavards. Pourquoi et comment une jeune personne comme vous, sage, rangée, vertueuse et modeste, a-t-elle pu accrocher ainsi, d’un seul coup, toute sa garde-robe à un clou ?

— Pourquoi ?… pourquoi ?… répondit mademoiselle Pinson, paraissant hésiter. Puis elle prit les deux jeunes gens chacun par un bras, et leur dit en les poussant vers la porte : Venez avec moi, vous le verrez.

Comme Marcel s’y attendait, elle les conduisit rue de l’Éperon.