Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/344

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Deux ou trois petits coups secs frappés sur la porte le réveillèrent de son chagrin.

— Qu’est-ce ?

L’homme osseux, tout de noir vêtu, avec une belle paire de bas de soie, qui simulaient des mollets absents, entra et fit un grand salut.

— Il y a ce soir, monsieur le chevalier, bal masqué à la cour, et madame la marquise m’envoie vous dire que vous êtes invité.

— Cela suffit, monsieur, grand merci.

Dès que l’homme osseux se fut retiré, le chevalier courut à la sonnette : la même servante qui, trois jours auparavant, l’avait accommodé de son mieux, l’aida à mettre le même habit pailleté, tâchant de l’accommoder mieux encore.

Après quoi le jeune homme s’achemina vers le palais, invité cette fois et plus tranquille en apparence, mais plus inquiet et moins hardi que lorsqu’il avait fait le premier pas dans ce monde encore inconnu de lui.

Étourdi, presque autant que la première fois, par toutes les splendeurs de Versailles, qui, ce soir-là, n’était pas désert, le chevalier marchait dans la grande galerie, regardant de tous les côtés, tâchant de savoir pourquoi il était là ; mais personne ne semblait songer à l’aborder. Au bout d’une heure, il s’ennuyait et allait partir, lorsque deux masques, exactement pareils, assis