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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Poésies II.djvu/103

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LA NUIT DE MAI



la muse

Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;
La fleur de l’églantier sent ses bourgeons éclore.
Le printemps naît ce soir ; les vents vont s’embraser ;
Et la bergeronnette, en attendant l’aurore,
Aux premiers buissons verts commence à se poser.
Poète, prends ton luth, et me donne un baiser.


le poète

     Comme il fait noir dans la vallée !
     J’ai cru qu’une forme voilée
     Flottait là-bas sur la forêt.
     Elle sortait de la prairie ;
     Son pied rasait l’herbe fleurie ;
     C’est une étrange rêverie ;
     Elle s’efface et disparaît.

la muse

Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,