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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Poésies II.djvu/95

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XLII


Nous jouâmes ainsi pendant une heure entière,
Et je vis devant moi tomber tout un trésor ;
Si c’était rouge ou noir, je ne m’en souviens guère ;
Si c’était dix ou vingt, je n’en sais rien encore ;
Je partais pour la France, elle pour l’Angleterre,
Et je sortis de là les deux mains pleines d’or.


XLIII


Quand je rentrai chez moi, je vis cette richesse,
Je me souvins alors de ce jour de détresse
Où j’avais à l’enfant donné mes deux écus.
C’était par charité : je les croyais perdus.
De Celui qui voit tout je compris la sagesse :
La mère, ce soir-là, me les avait rendus.


XLIV


Lecteur, si je n’ai pas la mémoire égarée,
Je t’ai promis, je crois, en commençant ceci,
Une bonne fortune : elle finit ainsi.
Mon bonheur, tu le vois, vécut une soirée ;
J’en connais cependant de plus longue durée
Que je ne voudrais pas changer pour celui-ci.


Décembre 1834.