enivrants, ni à cette accumulation de plaisirs raffinés et sensuels que les conteurs orientaux prodiguent aux héros de leurs récits fabuleux ; mais, selon le degré d’enthousiasme et de sensibilité dont on est doué, on peut comprendre les jouissances qu’éprouvait l’auteur de la Nuit d’août à écrire ces beaux vers, en multipliant jusqu’à la dixième puissance l’émotion et le plaisir qu’on ressent soi-même en les lisant.
Aucun levain triste ou amer n’étant venu se mêler à l’ivresse poétique, le bien-être dura plusieurs jours. Le poète se sentait déjà en rapports avec les lecteurs inconnus de la Nuit d’août ; il en était encore à la conclusion de la dernière stance : « Aime et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore ; » le charme se soutint jusqu’à la publication du morceau. Mais le lendemain, je le trouvai soucieux, essayant de lire je ne sais quel chapitre d’un roman nouveau, sans pouvoir en venir à bout. Quand je lui demandai ce qu’il avait : « Le poisson, me répondit-il, a passé quelques jours dans l’eau, par faveur extraordinaire ; aujourd’hui le voilà retombé dans un champ de blé. »
Je l’emmenai à l’école de natation, où, du moins, son corps put se plonger dans le milieu aimé du poisson. Nous y rencontrâmes le prince Belgiojoso et ses amis, qui nous engagèrent à les accompagner chez le traiteur italien Broggi. Après un dîner assaisonné