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puis le jour où il avait lu, dans les poésies de lord Byron, une critique amère de cette danse. Quand il eut vengé la belle nymphe aux brodequins dorés, il revint aux nouvelles.

Dès le temps où il avait rencontré, parmi les notices sur les peintres italiens, le sujet d’André del Sarto, il s’était épris d’un autre sujet trop métaphysique pour être traité sous la forme du drame ou de la comédie, et qu’il tenait en réserve. Encouragé à continuer ses petits romans par le directeur de la Revue, il rechercha dans ses notes l’historiette du Tizianello. Après avoir appris la peinture à bonne école, dans l’atelier de son père, disait l’histoire vraie ou fausse, le fils du célèbre Titien ne produisit qu’un seul ouvrage, le portrait de sa maîtresse ; mais ce portrait était un chef-d’œuvre.

Pour entrer plus avant dans les idées de son héros, l’auteur ne manqua pas de les adopter et de soutenir cette thèse : Qu’un chef-d’œuvre suffit à la gloire d’un homme, et que l’artiste de génie, quand il a prouvé une fois ce qu’il sait faire, devrait s’en tenir là, et ne point s’exposer au reproche de radotage, comme il est arrivé à Corneille, au Guide et au Titien lui-même. Dans nos conversations, je plaidai la cause contraire, celle du travail et de la fécondité. L’obscurité où est resté le nom du fils du Titien et l’immense réputation de son père me donnaient beau jeu. Mon frère se mit en mesure de me convaincre par l’exemple de son