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sujets de désespoir qui avaient précédé la maladie s’étaient évanouis dans un horizon couleur de rose. Le soir, nous nous réunissions en famille autour de la fameuse table de travail, pour causer ou dessiner, tandis que la sœur Marcelline tricotait de petites amphores en laine de diverses couleurs. Auguste Barre, qui demeurait dans notre voisinage, vint travailler à la composition d’un album de caricatures dans le goût de ceux de Töppfer, et qui représenta une série d’événements et de péripéties touchant un projet de mariage plusieurs fois rompu et renoué dont s’entretenait alors le monde parisien. Sans avoir besoin d’être convalescents pour cela, nous nous amusions tous de ces dessins comiques. Alfred et Barre tenaient le crayon ; les autres rédigeaient le texte explicatif, non moins bouffon que les dessins. Cet album se compose de cinquante et un croquis. Plus de la moitié sont de la main d’Alfred de Musset. Ce ne fut pas sans un peu de regret et de jalousie que je vis le prodigue filleul donner à sa marraine ces folles inventions qui me rappelleraient aujourd’hui les heures les plus douces de notre intérieur. Qui nous rendra ces délicieuses soirées de rires, de causeries et de badinages, où, sans bouger de place et sans rien tirer du dehors, toute notre maisonnée savait être si heureuse ?

Le premier chagrin du convalescent fut causé par les adieux de la sœur Marcelline. Non seulement la