Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/274

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m’écrit-il pas ? C’est à lui que je donnerais volontiers un coup d’épée. Quant à mes jeunes Prussiens, qu’ils aillent se battre avec les officiers français qui ont défié Becker, s’il y en a. »

Le Rhin allemand avait été composé dans la matinée du 1er juin. Par égards pour l’auteur de la Marseillaise de la paix, Alfred ne voulut pas le publier dans la Revue des Deux-Mondes. D’ailleurs, il aurait fallu attendre pendant quinze jours la livraison suivante. Ce morceau fut offert à la Revue de Paris qui publiait un numéro par semaine ; il y parut le dimanche 6 juin, et le vicomte Delaunay en fit le sujet de son courrier dans le journal la Presse[1].

De la Touraine où elle passait l’été, la marraine envoya ses félicitations à son filleul. « Le Rhin allemand, disait-elle, est supérieur aux meilleures chansons de Béranger ; on y sent un souffle poétique plus élevé. » Aux compliments, la marraine ajoutait des exhortations au travail. Le filleul répondit que sa fibre patriotique n’aurait pas, tous les matins, l’occasion de s’émouvoir, et que son cœur, profondément endormi, ne serait pas facile à réveiller. La marraine répliqua par le reproche de paresse, dont le filleul ne se défendit que par des plaisanteries : « C’est votre faute, disait-il, si je m’ennuie comme un mort, et si je ne sais plus que faire de mes soirées.

  1. C’est par une erreur typographique que le Rhin allemand est daté de février 1841, dans l’édition in-4o de 1866.