Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/293

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de Musset n’avait pu accorder par intérêt, il y consentit par entraînement sous le charme du talent de Tony Johannot et surtout du génie de Mozart. Il laissa inscrire son nom au frontispice du volume illustré.

Après avoir passé l’hiver à Naples et le printemps à Rome, je me trouvais à Florence au mois de juillet, lorsque, un soir, chez la comtesse Orlow, on parla d’une pièce de vers sur la mort du duc d’Orléans, publiée par les journaux français. La fille de la comtesse Orlow, madame Orsini, en cita les deux premiers vers :


La joie est ici-bas toujours jeune et nouvelle ;
Mais le chagrin n’est vrai qu’autant qu’il a vieilli.


Je savais l’intention de mon frère d’attendre l’anniversaire du Treize juillet pour payer son tribut de regrets au prince qu’il avait aimé et à la princesse Marie, dont le cercueil était encore à Pise. Je savais le plaisir triste qu’il se promettait à revenir sur ce malheur déjà presque oublié, au risque de surprendre ceux qui avaient fait tant de bruit de leur douleur, et qui peut-être laisseraient passer, au bout d’un an, la date funèbre sans y songer. En voyant le succès de cette pièce de vers en pays étranger, je ne doutai pas que l’auteur n’eût reçu, de la famille royale, quelque signe de souvenir et d’amitié. Je me trompais : le roi ne lisait point de vers, même sur la