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Si l’affection d’un chien ne prouve rien, puisqu’on voit ce vertueux animal s’attacher à des êtres malfaisants et détestables, le maître du pauvre Marzo a inspiré les mêmes sentiments de tendresse et de dévouement à d’autres personnes moins faciles à conquérir. Dans les diverses maisons qu’il a habitées, dans les endroits qu’il fréquentait régulièrement, on l’aimait avec une sorte d’adoration ; et ce n’était pas toujours pour ses poésies et pour sa gloire, car plusieurs de ces amis-là ne savaient pas lire. Quelques-uns se seraient mis au feu pour lui. Leur zèle et leurs témoignages d’intérêt lui rappelaient ce garçon de café de la Porte-Maillot qui s’était pris d’une amitié instinctive pour J.-J. Rousseau, le protégeait et le servait avec une préférence marquée, sans se douter que son ami fût un écrivain et un philosophe. Alfred de Musset faisait grand cas de ces affections naïves, et souvent il y répondit en rendant aux bonnes gens des services réels et en s’occupant de leurs affaires.

Au cercle des Échecs, au café de la Régence, il a laissé de vifs regrets. Mais le plus tendre et le plus dévoué de ses amis était son oncle Desherbiers. Il n’était point de sacrifice dont ce bon oncle n’eût été capable pour son neveu. C’était à la fois un camarade et un père. Alfred l’aimait d’une tendresse filiale ; aussi ne pouvaient-ils se passer l’un de l’autre. Sur quelques points leurs opinions différaient ; en