Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/78

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métaphysique scolastique n’était point parole d’évangile pour son meilleur élève. Il eut pourtant le bon esprit de ne point s’en fâcher. Pourvu que les principes fondamentaux fussent respectés, il accepta la discussion sur les questions secondaires ; plus d’une fois il donna la leçon à toute la classe avec le devoir de l’écolier. Au mois de juillet 1827, lorsque Alfred eut composé au concours général des collèges, nous vîmes arriver monsieur Cardaillac et un autre membre du conseil universitaire, qui vinrent annoncer à notre père que son fils allait très probablement obtenir le prix d’honneur. Le sujet du prix était une dissertation latine sur l’origine de nos sentiments. La composition de l’élève Alfred de Musset avait été reconnue tout d’abord la meilleure au double point de vue de la pensée et de la forme ; mais le côté religieux de la question avait paru trop peu développé. Un autre élève, dont la composition annonçait moins de talent, avait appuyé davantage sur ce point important, de sorte que les voix des examinateurs étaient partagées. Le grand-maître de l’Université, qui était l’évêque d’Hermopolis, fit pencher la balance du côté de l’enfant qui semblait le plus dévot. Il en devait être ainsi sous le règne de Charles X. Quelques années plus tard, le premier prix d’honneur eût été donné à Alfred de Musset. Il n’obtint que le second prix. Au moment de la distribution, monseigneur d’Hermopolis sourit, en voyant monter sur l’estrade un petit