remarquer, d’ailleurs, qu’à cette époque Hernani n’existait pas encore et que l’Espagne romantique venait à peine d’être découverte par M. Mérimée.
Un petit journal du format le plus exigu paraissait alors à Dijon, trois fois par semaine, sous ce titre : le Provincial. Paul Foucher, qui connaissait un des rédacteurs, avait publié dans ce journal quelques vers de sa composition. Il proposa au même rédacteur des vers d’un autre poète aussi jeune et aussi novice que lui et qui n’osait point encore se nommer. Appuyé de la recommandation de Paul Foucher, le jeune poète inconnu envoya au journal de Dijon une ballade composée exprès pour le Provincial. Ce morceau, intitulé un Rêve, parut dans le numéro du dimanche 31 août 1828, sans autre signature que les initiales A. D. M. C’était dans les bois d’Auteuil que le poète blondin avait rêvé ce badinage. Le rédacteur ami de Paul Foucher, dans un en-tête de vingt lignes, demandait pardon aux lecteurs du Provincial de leur servir une pièce de vers d’un goût romantique aussi relevé ; mais le rédacteur en chef du journal, M. Charles Brugnot, déclarait dans une note au bas de la page, que cette humble préface n’était pas de lui, et qu’il n’y avait point de grâce à demander pour une scène fantastique qu’il trouvait charmante. Déjà le poète enfant était le sujet d’une controverse entre deux rédacteurs qui se querellaient ensemble sur la même page de leur journal. Alfred reçut avec un plaisir ex-