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Que vous dirai-je enfin ! Mon supplice recommença plus terrible : engourdie bientôt par la douleur, j’étais sans mouvement, je ne me sentais plus. Seulement à travers le bruit de mes coups, j’entendais confusément, des éclats, des mains frappant sur des chairs. C’étaient aussi des rires insensés, rires nerveux, convulsifs, précurseurs de la joie des sens. Par moment la voix de ma tante, qui râlait la volupté, dominait cette harmonie étrange, ce concert d’orgie, cette saturnale de sang.

Plus tard, j’ai compris que le spectacle de mon supplice servait à réveiller des désirs, chacun de mes soupirs étouffés provoquait un élan de volupté.

Lassé, sans doute, mon bourreau avait fini. Toujours immobile, j’étais dans l’épouvante, résignée à mourir. Cependant, à mesure que l’usage de mes sens revenait, j’éprouvai une démangeaison singulière : mon corps frémissait, était en feu.

Je m’agitai lubriquement comme pour satisfaire un désir insatiable. Tout à coup deux bras