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Et voilà que chacun se meut, s’agite, s’excite au plaisir.

Je dévore des yeux cette scène animée, ces mouvements lascifs, ces poses insensées. Les cris, les soupirs se croisent, se confondent bientôt ; le feu circule dans mes veines. Je frissonne tout entier. Mes deux mains battent une gorge brûlante, ou se portent frénétiques, crispées, sur des charmes plus secrets encore. Ma bouche les remplace. Je suce avidement, je ronge, je mords ! On me crie d’arrêter, que je tue, et je redouble encore !

Cet excès m’acheva. Ma tête retomba lourdement. Je n’avais plus de force.

— Assez ! assez ! criai-je. Oh ! mes pieds ! quel chatouillement voluptueux ! Tu me fais mal… Tu me crispes, mes pieds se tendent, se tordent… Oh !

Je sentais le plaisir approcher une troisième fois. Je poussais avec fureur. Mes trois belles perdirent à la fois l’équilibre de leurs sens. Je les reçus dans mes bras, pâmées, expirantes, et je me suis inondé.