Page:Musset - Gamiani ou deux nuits d’excès (éd. Poulet-Malassis), 1866.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
PREMIÈRE PARTIE

force de m’ôter de ma place. Ma raison était perdue, mes regards fascinés.

Ces transports furibonds, ces voluptés brutales me donnaient le vertige. Il n’y avait plus en moi qu’un sang brûlant, désordonné, que luxure et débauche. J’étais bestialement furieux d’amour. La figure de Fanny était aussi singulièrement changée. Son regard était fixe, ses bras raidis et nerveusement allongés sur moi. Ses lèvres mi-entr’ouvertes et ses dents serrées indiquaient toute l’attente d’une sensualité délirante, qui touche au paroxysme de la rage du plaisir, qui demande l’excès.

À peine arrivés près du lit, nous nous jetâmes bondissants l’un sur l’autre, comme deux bêtes acharnées. Partout nos corps se touchaient, se frottaient, s’électrisaient