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PREMIÈRE PARTIE

près de moi, dans mes bras, sous ma main, un sein doucement agité, sein de lys et de roses, si jeune, si frêle et si pur, qu’à l’effleurer seulement du bout des lèvres on eût pu craindre de le flétrir. Oh ! la délicieuse créature ! Fanny dans les bras du sommeil, demi-nue sur un lit à l’orientale, réalisait tout l’idéal des plus beaux rêves ! Sa tête reposait gracieusement penchée sur son bras arrondi ; son profil se dessinait suave et pur comme un dessin de Raphaël ; son corps, dans chacune de ses parties comme dans son ensemble, était d’une beauté prestigieuse.

C’était une volupté bien grande de savourer à loisir la vue de tant de charmes, et c’était pitié aussi de songer que, vierge depuis quinze printemps, une seule nuit avait suffi pour les flétrir.