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DEUXIÈME PARTIE

ces deux femmes nues, je ressemblais à la bête fauve que tourmente le rut et qui des yeux dévore sa femelle à travers les barreaux de sa cage. Je restais stupidement immobile, la tête clouée près de l’ouverture d’où j’aspirais, pour ainsi dire, ma torture, vraie torture de damné, terrible, insupportable, qui frappe d’abord la tête, se mêle ensuite au sang, s’infiltre dans les os, jusques à la moelle, qu’elle brûle. Je souffrais trop à force de sentir. Il me semblait que mes nerfs, tendus, irrités, finissaient par se rompre. Mes mains, crispées, s’accrochaient au parquet. Je ne respirais plus, j’écumais. Ma tête se perdit. Je devins fou furieux, et, m’empoignant avec rage, je sentis toute ma force d’homme s’agiter furibonde entre mes doigts serrés, tressaillir un instant, puis