Page:Musset - Gamiani ou deux nuits d’excès (éd. Poulet-Malassis), 1866.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
DEUXIÈME PARTIE

tation pieuse qui me parut le langage d’une âme divine. Pour rendre moins sensible mon passage subit de la vie du monde à la vie du cloître, il fut convenu que je resterais près de la supérieure et que je coucherais chaque soir dans son alcôve. Dès la seconde nuit, nous en étions à causer familièrement du monde. La supérieure se retournait, s’agitait sans cesse dans son lit. Elle se plaignait du froid et me pria de coucher avec elle pour la réchauffer. Je la trouvai absolument nue. On dort mieux, disait-elle, sans chemise. Elle m’engagea à ôter la mienne ; ce que je fis pour lui être agréable. — Oh ! ma petite, s’écria-t-elle en me touchant, tu es brûlante ! Comme ta peau est douce ! Les barbares ! oser te martyriser de la sorte ! Tu as dû bien souffrir ! Raconte-moi donc