Page:Musset - Gamiani ou deux nuits d’excès (éd. Poulet-Malassis), 1866.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
DEUXIÈME PARTIE

perte de son pucelage. Tu ne devinerais jamais à qui fut donné ce précieux trésor. L’histoire est singulière et vaut la peine d’être répétée.

La supérieure, que j’appellerai maintenant Sainte, était fille d’un capitaine de vaisseau. Sa mère, femme d’esprit et de raison, l’avait élevée dans tous les principes de la saine religion, ce qui n’empêcha pas que le tempérament de la jeune Sainte ne se développât de très-bonne heure. Dès l’âge de douze ans, elle ressentait des désirs insupportables, qu’elle cherchait à satisfaire par tout ce qu’une imagination ignorante peut inventer de plus bizarre. La malheureuse se travaillait chaque nuit : ses doigts insuffisants gaspillaient en pure perte sa jeunesse et sa santé. Un jour, elle aperçut deux chiens