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GAMIANI

la règle. Je fis le serment exigé, et, pour achever la cérémonie, je me prostituai courageusement à un énorme priape de bois destiné à cet effet. J’achevais à peine une douloureuse libation, que la bande des sœurs se rua sur moi, plus pressée qu’une troupe de cannibales. Je me prêtai à tous les caprices ; je pris les poses les plus lubriquement énergiques ; enfin, je terminai par une danse obscène et je fus proclamée victorieuse. J’étais exténuée. Une petite nonne bien vive, bien éveillée, plus raffinée que la supérieure, m’entraîna dans son lit. C’était bien la plus damnée tribade que l’enfer eût pu créer. Je conçus pour elle une vraie passion de chair, et nous fûmes presque toujours ensemble pendant les grandes orgies nocturnes.