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DEUXIÈME PARTIE

approche, et tout part ! Ainsi prit feu mon cœur aux transports de celui qui m’aimait. À ce langage, nouveau pour moi, je sentis un frémissement délicieux. Je prêtai une oreille attentive ; mes avides regards ne laissaient rien échapper. La flamme humide qui sortait des yeux de mon amant pénétrait dans les miens jusqu’au fond de mon âme, et y portait le trouble, le délire et la joie. La voix d’Edward avait un accent qui m’agitait, le sentiment me semblait peint dans chacun de ses gestes ; tous ses traits, animés par la passion, me la faisaient ressentir. Ainsi la première image de l’amour me fit aimer l’objet qui me l’avait offerte. Extrême en tout, je fus aussi ardente à vivre du cœur que je l’avais été à vivre des sens. Edward avait une de ces âmes fortes