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PREMIÈRE PARTIE

femme, sans parents, sans amis avoués, s’était en quelque sorte individualisée dans le monde. Elle dépensait, seule, une existence capable, en toute apparence, de supporter plus d’un partage.

Bien des langues avaient glosé, finissant toujours par médire ; mais, faute de preuves, la comtesse demeurait impénétrable.

Les uns l’appelaient une Fœdora[1], une femme sans cœur et sans tempérament ; d’autres lui supposaient une âme profondément blessée et qui veut désormais se soustraire aux déceptions cruelles.

Je voulais sortir du doute : je mis à contribution toutes les ressources de ma logique ; mais ce fut en vain : je n’arrivai

  1. Fœdora, la femme sans cœur, roman de Balzac.