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PREMIÈRE PARTIE

Cette vue me transporta ; je me sentis un courage surnaturel, je m’écriai que j’étais prête à tout souffrir.

Ma tante se releva aussitôt, me couvrit de baisers brûlants, tandis que le moine liait mes mains et plaçait un bandeau sur mes yeux.

Que vous dirai-je, enfin ! Mon supplice recommença plus terrible. Engourdie bientôt par la douleur, j’étais sans mouvement, je ne sentais plus. Seulement, à travers le bruit de mes coups, j’entendais confusément des cris, des éclats, des mains frappant sur des chairs. C’étaient aussi des rires insensés, rires nerveux, convulsifs, précurseurs de la joie des sens. Par moments, la voix de ma tante, qui râlait la volupté, dominait cette harmonie étrange, ce