Page:Musset - Gamiani ou deux nuits d’excès (éd. Poulet-Malassis), 1866.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
PREMIÈRE PARTIE

maison, j’éprouvai comme un besoin de me dilater, de me mettre à l’aise.

Je me déshabillai, je m’étendis presque nue sur un divan… Oh ! j’ai honte !… Je m’allongeais, j’écartais mes cuisses, je m’agitais en tous sens. À mon insu, je formais les postures les plus indécentes.

L’étoffe du divan était glacée. Sa fraîcheur me causa une sensation agréable, un frôlement voluptueux par tout le corps. Oh ! comme je respirais librement, entourée d’une atmosphère tiède, doucement pénétrante. Quelle volupté suave et ravissante ! J’étais dans une délicieuse extase. Il me semblait qu’une vie nouvelle inondait mon être, que j’étais plus forte, plus grande, que j’aspirais un souffle divin, que je m’épanouissais aux rayons d’un beau ciel.