Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/106

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la toute-puissante nature, sent bondir dans son cœur l’étincelle divine qui l’a créé.

« Ô mon ami ! lorsque vous serrez dans vos bras nus une belle et robuste femme, si la volupté vous arrache des larmes, si vous sentez sangloter sur vos lèvres des serments d’amour éternel, si l’infini vous descend dans le cœur, ne craignez pas de vous livrer, fussiez-vous avec une courtisane ; vous êtes toujours devant Dieu. Vous accomplissez son grand œuvre ; il crée en vous, vous êtes sa main droite. Ne retenez pas les prières qui vous viennent à la bouche pendant le sacrifice ; ce sont là les autels où il veut être compris et adoré.

« Mais ne confondez pas le vin avec l’ivresse ; ne croyez pas la coupe divine où vous buvez le breuvage divin ; ne vous étonnez pas le soir de la trouver vide et brisée. C’est une femme, c’est un vase fragile, fait de terre, par un potier.