Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/112

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de tout ce qu’elle a dans le cœur. Elle en prend un, l’attire sur sa poitrine ; il la déshonore, se retourne, et s’en va à la Bourse. Maintenant la voilà lancée ; elle pleure une nuit et trouve que les larmes lui rougissent les yeux. Elle prend un consolateur, de la perte duquel un autre la console ; ainsi jusqu’à trente ans et plus. C’est alors que, blasée et gangrenée, n’ayant plus rien d’humain, pas même le dégoût, elle rencontre un soir un bel adolescent aux cheveux noirs, à l’œil ardent, au cœur palpitant d’espérance ; elle reconnaît sa jeunesse, elle se souvient de ce qu’elle a souffert, et, lui rendant les leçons de sa vie, elle lui apprend à ne jamais aimer.

« Voilà la femme telle que nous l’avons faite ; voilà nos maîtresses. Mais quoi ! ce sont des femmes, et il y a avec elles de bons moments !

« Si vous êtes d’une trempe ferme, sûr de vous-même et vraiment homme, voilà donc