Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/243

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pour m’éveiller ; j’appelais à mon secours ma vie passée. Je sentais bien que je n’aurais pas dit à cette femme que je l’aimais, ni qu’elle me plaisait, ni même qu’elle était belle ; il n’y avait rien sur mes lèvres que l’envie de baiser les siennes, de lui dire : « Ces bras nonchalants, fais-m’en une ceinture ; cette tête penchée, appuie-la sur moi ; ce doux sourire, colle-le sur ma bouche. » Mon corps aimait le sien ; j’étais pris de beauté comme on est pris de vin.

Desgenais passa, qui me demanda ce que je faisais là. « Quelle est cette femme ? » lui dis-je. Il me répondit : « Quelle femme ? de qui voulez-vous parler ? »

Je le pris par le bras et le menai dans la salle. L’Italienne nous vit venir. Elle sourit ; je fis un pas en arrière. « Ha, ha ! dit Desgenais, vous avez valsé avec Marco ?

— Qu’est-ce que c’est que Marco ? lui dis-je.