Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/20

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Quelle raison m’a donc empêché jusqu’à présent de vous le déclarer ? La crainte de vous perdre ; j’avais peur d’être renvoyé de chez vous, et c’est ce qui arrive. Mettez-moi pour condition qu’à la première parole que j’en dirai, à la première occasion où il m’échappera un geste ou une pensée qui s’écarte du respect le plus profond, votre porte me sera fermée ; comme je me suis tu déjà, je me tairai à l’avenir. Vous croyez que c’est depuis un mois que je vous aime, et c’est depuis le premier jour. Quand vous vous en êtes aperçue, vous n’avez pas cessé de me voir pour cela. Si vous aviez alors pour moi assez d’estime pour me croire incapable de vous offenser, pourquoi aurais-je perdu cette estime ? C’est elle que je viens vous redemander. Que vous ai-je fait ? J’ai fléchi le genou ; je n’ai pas même dit un mot. Que vous ai-je appris ? vous le saviez déjà. J’ai été faible parce que je souffrais. Eh bien ! madame,