Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/22

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Mettez-moi à l’épreuve. Si jamais j’en viens à sentir qu’il y a pour moi trop de souffrances dans notre marché, je partirai ; et vous en êtes bien sûre, puisque vous me renvoyez aujourd’hui et que je suis prêt à partir. Quel risque courez-vous en me donnant encore un mois ou deux du seul bonheur que j’aurai jamais ? »

J’attendais sa réponse. Elle se leva brusquement, puis se rassit. Elle garda un moment le silence. « Soyez-en persuadé, dit-elle, cela n’est pas ainsi. » Je crus m’apercevoir qu’elle cherchait des expressions qui ne parussent pas trop sévères, et qu’elle voulait me répondre avec douceur.

« Un mot, lui dis-je en me levant, un mot ! et rien de plus. Je sais qui vous êtes, et s’il y a pour moi quelque compassion dans votre cœur, je vous en remercie ; dites un mot ! Ce moment décide de ma vie. »

Elle secouait la tête ; je la vis hésiter. « Vous