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Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/285

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parti. Ne sommes-nous pas toujours ensemble ? Eh bien ! pourquoi me quittes-tu ? je ne peux pas être à la fois près et loin de toi. Il faudrait, dis-tu, pouvoir se fier à sa maîtresse ; c’est vrai. Ou l’amour est un bien, ou c’est un mal ; si c’est un bien, il faut croire en lui ; si c’est un mal, il faut s’en guérir. Tout cela, vois-tu, c’est un jeu que nous jouons ; mais notre cœur et notre vie servent d’enjeu, et c’est horrible. Veux-tu mourir ? ce sera plus tôt fait. Qui suis-je donc pour qu’on doute de moi ? »

Elle s’arrêta devant la glace. « Qui suis-je donc ? répétait-elle, qui suis-je donc ? Y pensez-vous ? regardez donc ce visage que j’ai.

« Douter de toi ! s’écria-t-elle, en s’adressant à sa propre image ; pauvre tête pâle, on te soupçonne ! pauvres joues maigres, pauvres yeux fatigués, on doute de vous et de vos larmes ! Eh bien ! achevez de souffrir ;