Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/40

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à une fantaisie qui me parut cruelle si elle ne m’aimait pas. Elle savait que je souffrais : pourquoi abuser de mon courage si elle n’avait pas changé d’avis ?

Cette réflexion, que je fis malgré moi, me rendit tout autre qu’à l’ordinaire. Lorsqu’elle monta à cheval, le cœur me battit quand je lui pris le pied ; je ne sais si c’était de désir ou de colère. « Si elle est touchée, me dis-je à moi-même, pourquoi tant de réserve ? Si elle n’est que coquette, pourquoi tant de liberté ? »

Tels sont les hommes ; à mon premier mot, elle s’aperçut que je regardais de travers et que mon visage était changé. Je ne lui parlais pas et je pris l’autre côté de la route. Tant que nous fûmes dans la plaine, elle parut tranquille, et tournait seulement la tête de temps en temps pour voir si je la suivais ; mais lorsque nous entrâmes dans la forêt, et que le pas de nos chevaux commença