Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/42

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vous pas rencontré quelque part dans ces forêts sinistres un malheureux assis les deux mains sur son front ? n’avez-vous jamais trouvé de larmes sur ces bruyères ? Regardez-moi, regardez ces montagnes ; vous souvenez-vous que je vous aime ? Ils le savent, eux, ces témoins ; ces rochers, ces déserts le savent. Pourquoi m’amener devant eux ? ne suis-je pas assez misérable ? ai-je manqué maintenant de courage ? êtes-vous assez obéie ? À quelle épreuve, à quelle torture suis-je soumis, et pour quel crime ? Si vous ne m’aimez pas, que faites-vous ici ?

– Partons, dit-elle, ramenez-moi, retournons sur nos pas. » Je saisis la bride de son cheval.

« Non, répondis-je, car j’ai parlé. Si nous retournons, je vous perds, je le sais ; en rentrant chez vous, je sais d’avance ce que vous me direz. Vous avez voulu voir jusqu’où allait ma patience, vous avez mis ma douleur