De peuples qui te font par chascun jour hommage ;
Le colin, le joubar, l’encornet, le crapau,
Le marsoin, le souffleur, l’oursin, le macreau,
Tu as le loup-marin, qui, en troupe nombreuse,
Se veautre au clair du jour sur ta vase bourbeuse ;
Tu as le chien, la plie et mille autres poissons
Que je ne connoi point, de tes eaux nourrissons.
Tairay-je la morue heureusement féconde,
Qui par tout cette mer, en toutes parts abonde.
Morue, si tu n’es pas de ces mets délicats
Dont les hommes friands assaisonnent leurs plats,
Je diray toutefois que de toy se sustente
Presque tout l’Univers. Ô que sera contente
Celle personne un jour, qui à sa porte aura
Ce qu’un monde, éloigné d’elle, recherchera !
Belle île, tu as donc à foison cette manne
Laquelle j’aime mieux que de la Taprobane
Les beautez, que l’on feint dignes des bien-heureux
Qui vont buvant des Dieux le nectar savoureux.
Et pour montrer encore ta puissance suprême
La Balène t’honore et te vient elle-même
Saluer chaque jour, puis l’ébe la conduit
Dans le vague océan où elle a son déduit.
De ceci je rendray fidèle témoignage,
L’ayant veu maintes fois voisiner ce rivage
Et à l’aise nouer parmi ce port ici. »
Avec le xviiie siècle d’ailleurs, rien n’est changé. Il serait facile de le démontrer à l’aide de nombreux documents. Sans trop s’étendre sur la question, il suffira d’en indiquer quelques-uns.
Le 24 mai 1713, le comte de Pontchartrain, ministre de la marine, écrivait aux officiers de l’Amirauté de Marennes, pour leur faire con-