retourne à ma cure ; on ne me verra pas confondu parmi la foule des convives, et j’aime mieux, comme César, être le premier au village que le second dans Rome.
Scène III.
Puisque ta mère n’y est pas, viens faire un tour de promenade.
Croyez-vous que cela me fasse du bien, tous ces baisers que vous me donnez ?
Quel mal y trouves-tu ? Je t’embrasserais devant ta mère. N’es-tu pas la sœur de Camille ? Ne suis-je pas ton frère comme le sien ?
Des mots sont des mots et des baisers sont des baisers. Je n’ai guère d’esprit et je m’en aperçois bien sitôt que je veux dire quelque chose. Les belles dames savent leur affaire, selon qu’on leur baise la main droite ou la main gauche ; leurs pères les embrassent sur le front, leurs frères sur la joue, leurs amoureux sur les lèvres ; moi, tout le monde m’embrasse sur les deux joues, et cela me chagrine.
Que tu es jolie, mon enfant !
Il ne faut pas non plus vous fâcher pour cela. Comme vous paraissez triste ce matin ! Votre mariage est donc manqué ?
Les paysans de ton village se souviennent de m’avoir aimé ; les chiens de la basse-cour et les arbres du bois s’en souviennent aussi ; mais Camille ne s’en souvient pas. Et toi, Rosette, à quand le mariage ?
Ne parlons pas de cela, voulez-vous ? Parlons du temps qu’il fait, de ces fleurs que voilà, de vos chevaux et de mes bonnets.
De tout ce qui te plaira, de tout ce qui peut