Page:Musset - Poésies, édition Nelson.djvu/15

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C’est ce Musset imitateur, non sans verve originale d’ailleurs, qui a écrit les Contes d’Espagne et d’ Italie, Don Paëz, Les Marrons du Feu, la Nuit Vénitienne. Le public et la critique s’aperçurent tout de suite de cette ferveur et de cette imitation. On appela le jeune Musset « Byronet »ou « le vicomte Byron, » ou « Mademoiselle Byron. : Il protesta, comme on sait, il dit :

« On a dit l’an dernier que j’imitais Byron !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vous ne savez donc pas qu’il imitait Pulci. »

Et encore, comme argument victorieux et sans réplique : «C’est imiter quelqu’un que de planter des choux ? » A quoi il n’y a rien de plus facile que de répondre que précisément c’est en art qu’il ne faut pas imiter et en agriculture qu’il est convenable d’imiter toujours, et que c’est la différence même entre l’art et le labourage et que l’argument ne va pas à une autre conclusion que d’assimiler le poète à un garçon de ferme. Mais très vite Musset se railla lui-même de cet engouement de jeunesse et dès 1832 il disait du héros de Namouna:

« Dire qu’il est grognon, sombre et mystérieux,
Ce n’est pas vrai, d’abord et c’est encore plus vieux. !»