Page:Musset - Poésies nouvelles (Charpentier 1857).djvu/113

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De quelque façon qu’on t’appelle,
Bramah, Jupiter ou Jésus,
Vérité, Justice éternelle,
Vers toi tous les bras sont tendus.

Le dernier des fils de la terre
Te rend grâce du fond du cœur,
Dès qu’il se mêle à sa misère
Une apparence de bonheur.

Le monde entier te glorifie ;
L’oiseau te chante sur son nid ;
Et pour une goutte de pluie
Des milliers d’êtres t’ont béni.

Tu n’as rien fait qu’on ne l’admire ;
Rien de toi n’est perdu pour nous ;
Tout prie, et tu ne peux sourire
Que nous ne tombions à genoux.

Pourquoi donc, ô Maître suprême !
As-tu créé le mal si grand,
Que la raison, la vertu même,
S’épouvantent en le voyant ?

Lorsque tant de choses sur terre
Proclament la Divinité,
Et semblent attester d’un père
L’amour, la force et la bonté,

Comment, sous la sainte lumière,
Voit-on des actes si hideux,