Non, ce n’est pas l’amour, ce n’est pas même un rêve ;
Et la satiété, qui succède au désir,
Amène un tel dégoût quand le cœur se soulève,
Que je ne sais, au fond, si c’est peine ou plaisir.
Est-ce peine ou plaisir, une alcôve bien close,
Et le punch allumé, quand il fait mauvais temps ?
Est-ce peine ou plaisir, l’incarnat de la rose,
La blancheur de l’albâtre et l’odeur du printemps ?
Quand la réalité ne serait qu’une image,
Et le contour léger des choses d’ici-bas,
Me préserve le ciel d’en savoir davantage !
Le masque est si charmant, que j’ai peur du visage,
Et, même en carnaval, je n’y toucherais pas.
Une larme en dit plus que tu n’en pourrais dire.
Une larme a son prix, c’est la sœur d’un sourire.
Avec deux yeux bavards parfois j’aime à jaser ;
Mais le seul vrai langage, au monde, est un baiser.
Ainsi donc, à ton gré, dépense ta paresse.
Ô mon pauvre secret ! que nos chagrins sont doux !
Ainsi donc, à ton gré, promène ta tristesse.
Ô mes pauvres soupers ! comme on médit de vous !
Prends garde seulement que ta belle étourdie
Dans quelque honnête ennui ne perde sa gaieté.
Prends garde seulement que ta rose endormie
Ne trouve un papillon quelque beau soir d’été.