Page:Musset - Poésies nouvelles (Charpentier 1857).djvu/228

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Que nous font les sifflets, les cris ou les bravos ?
Nous chantons à tue-tête ; il faut bien que la terre
Nous réponde, après tout, par quelques vains échos.

IV

Mais quel bien fait le bruit, et qu’importe la gloire ?
Est-on plus ou moins mort quand on est embaumé ?
Qu’importe un écolier, sachant trois mots d’histoire,
Qui tire son bonnet devant une écritoire,
Ou salue en passant un marbre inanimé ?
Être admiré n’est rien ; l’affaire est d’être aimé.

V

Vive le vieux roman, vive la page heureuse
Que tourne sur la mousse une belle amoureuse !
Vive d’un doigt coquet le livre déchiré,
Qu’arrose dans le bain le robinet doré !
Et, que tous les pédants frappent leur tête creuse,
Vive le mélodrame où Margot a pleuré !

VI

Oh ! oh ! dira quelqu’un, la chose est un peu rude.
N’est-ce rien de rimer avec exactitude ?
Et pourquoi mettrait-on son fils en pension,
Si, pour unique juge, après quinze ans d’étude,
On n’a qu’une cornette au bout d’un cotillon ?
J’en suis bien désolé, c’est mon opinion.