Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/119

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Mais une fois qu’on les commence, on ne peut plus
S’arrêter. — C’est un mal propre aux fruits défendus.
C’est pourquoi chaque soir la nuit était bien proche
Et le soleil bien loin, quand mon ami Mardoche
Quittait la jalousie écartée à demi,
D’où l’indiscret lorgnon plongeait sur l’ennemi.
— Même, quand il faisait clair de lune, l’aurore
À son poste souvent le retrouvait encore.


XV


Philosophes du jour, je vous arrête ici.
Ô sages demi-dieux, expliquez-moi ceci.
On ne volerait pas, à coup sûr, une obole
À son voisin ; pourtant, quand on peut, on lui vole…
Sa femme ! — Car il faut, ô lecteur bien appris !
Vous dire que Rosine, entre tous les maris,
Avait reçu du ciel, par les mains d’un notaire,
Le meilleur qu’à Dijon avait trouvé son père.
On pense, avec raison, que sa mère, en partant,
N’avait rien oublié sur le point important.


XVI


Rien n’est plus amusant qu’un premier jour de noce ;
Au débotté, d’ailleurs, on avait pris carrosse.
— Le reste à l’avenant. — Sans compter les chapeaux
D’Herbeau, rien n’y manquait. — C’est un méchant propos
De dire qu’à six ans une poupée amuse
Autant qu’à dix-neuf ans un mari. — Mais tout s’use.